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où je vous aimerai, prosterné ! Ysole ! je sens que Dieu me dit de vous idolâtrer ainsi ; votre salut et le mien sont dans cet amour qui m’enivre, qui me rend mes espoirs de la terre et du ciel ! Soyez à moi, Ysole soyez ma femme… Oh ! bien aimée ! il y a des larmes dans vos yeux. Ayez pitié ! ayez pitié !

Il baisait le bas de sa robe en pleurant.

Ysole l’avait écouté, glacée d’abord, puis un soupir avait gonflé les belles lignes de sa poitrine. Quand il se tut, affaissé sur lui-même et pantelant, les paupières d’Ysole étaient, en effet, humides.

Deux larmes roulèrent lentement sur l’admirable pâleur de sa joue.

Elle se pencha jusqu’à lui et de ses lèvres froides elle lui effleura le front en murmurant :

— Jamais !

Au moment même où Paul Labre recevait ce douloureux baiser, il tressaillait à l’accent d’une voix qui lui était inconnue, et qui dit en un cri d’angoisse déchirante :

— C’est Ysole ! c’est ma sœur !

La porte qui conduisait à la chambre de Paul venait de s’ouvrir.

C’était Suavita qui parlait.

Derrière elle, la tête grave et triste du général comte de Champmas se montra.