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je ne vois pas ce qu’il y a en vous de noblesse et de fierté !…

Elle sourit avec une amertume si poignante que Paul recula.

— J’aurais été bonne fille chez ma mère, dit-elle, raillant douloureusement ; j’aurais écouté sa pauvre histoire en pleurant et je me serais défiée de ceux qui flattent les filles. Chez mon père, j’ai été mauvaise, parce qu’une voix m’y disait : Tu viens de loin et d’en bas. Je retourne d’où je suis venue, mais plus loin… et plus bas !

Elle fit un pas ; Paul se traîna sur ses genoux.

— Restez ! supplia-t-il d’une voix qui râlait dans sa gorge. Est-ce que vous espérez me fuir ? Où vous irez, j’irai…

— Vous ! dit-elle.

Il y avait dans ce seul mot tout un horrible désespoir.

Paul se tordait les mains et se roulait à ses pieds.

— Restez, dit-il encore, laissant parler son délire. Je comprends votre mère et je la remercie de m’avoir fait passer pour un criminel. Il faut penser à vous seulement, et il ne faut aimer que vous ! L’enfant ira chez son père, et Dieu sait qu’elle rentrera pure comme les anges dans la maison d’un honnête homme ! Vous, Ysole, vous, la plus belle, la seule belle, l’adorée, qui donc oserait murmurer la centième partie de ce que vous avez dit tout haut ? Je suis brave : ce sont vos paroles ; entre vous et l’outrage, il y aura mon cœur : ceci, au dehors ; au dedans, votre maison sera un temple, le sanctuaire