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tué Thérèse Soulas, parce que Thérèse Soulas avait découvert le rapt commis par lui sur la personne de la plus jeune des demoiselles de Champmas.

— Thérèse connaissait-elle votre sœur ? demanda Paul.

Et avant qu’Ysole pût répondre il ajouta :

— Depuis ces trois ans et ces quelques mois, Thérèse voyait l’enfant tous les jours. C’est Thérèse qui me disait sans cesse : N’ouvrez votre maison à personne ! Ceux qui ont intérêt à faire disparaître cette pauvre enfant doivent la chercher. Veillez sur elle, puisque vous l’avez sauvée !

— On avait donc voulu l’assassiner ? demanda Ysole à voix basse.

Paul fit en quelques paroles le récit de ce qui s’était passé sous la pointe de la Cité, cette nuit où il avait résolu d’en finir avec la vie.

Ysole l’écouta d’un air distrait.

— J’avais dit une fois à Thérèse, pensa-t-elle, tout haut : « Si ma sœur revenait, je serais chassée. » Thérèse m’aimait trop ! Cette parole l’a perdue.

Elle se leva.

— J’ai fait ce que je devais ici, prononça-t-elle avec ce calme étrange qui ne l’avait pas une seule fois abandonnée. Adieu.

Paul s’élança entre elle et la porte et se mit à genoux.

— Quoi ! fit-elle, d’un ton où l’indignation, cette fois, perçait : après tout ce que je vous ai dit !

— Est-ce que je vous crois ! s’écria Paul en lui saisissant les deux mains ; est-ce que