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de lui des filets auxquels il n’eût point échappé sans l’avis que vous lui donnez. Nicolas avait eu vent des efforts que le baron d’Arcis fait pour trouver le meurtrier de son frère. Il se défend ; je ne verrais pas de mal à cela, s’il ne me gênait. Nous nous sommes réconciliés aujourd’hui, c’est le bon moment de frapper. Voici son plan de défense : il a fait assassiner aujourd’hui même la femme Thérèse Soulas (ici la voix d’Ysole trembla légèrement) et le baron d’Arcis sera accusé de ce meurtre.

— On me l’a dit déjà ! murmura Paul Labre, qui se mit à marcher lentement.

Il essayait d’établir un ordre dans ses idées, mais c’était en vain : sa pensée le fuyait.

En marchant, il répétait au-dedans de lui-même le nom de son frère, et le courroux appelé ne venait pas. Son cœur restait inerte comme son esprit. Il n’y avait qu’un point sensible dans tout son être, c’était son amour, obstiné, victorieux, mortel. Comme autrefois, la passion de se tuer lui vint, mais le courage lui manquait maintenant.

Elle était là, il la voyait, il était emporté vers elle par une irrésistible folie.

Ysole avait penché sa tête sur sa main.

Quand Paul, parvenu à l’autre bout de la chambre, se retourna, heureux de l’envelopper une fois encore d’un regard avide et ardent, il s’arrêta.

C’était la pose favorite de Blondette qu’Ysole avait prise par hasard.

On ne peut dire que l’image de l’enfant passa devant les yeux de Paul ; ce fut Ysole elle-même qui la lui rappela : elles se res-