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ma haine qui m’a donnée à lui. Nous partageons la même haine, et quand il m’a dit : « Le baron d’Arcis vous aime comme les chevaliers de l’ancien temps, allez vers lui, désignez-lui celui qu’il faut frapper, il frappera », je suis venue.

Cette fois Paul demeura muet.

Son sang avait froid dans ses veines.

— Et je vous ai dit : frappez ! poursuivit Mlle de Champmas dont la voix devenait plus morne à mesure qu’elle parlait. Vous avez agi selon votre nature qui est la générosité même ; vous avez provoqué le prince au milieu même de la cour que rassemble autour de lui sa nouvelle imposture. En faisant cela, vous avez mis votre vie en danger, non pas par l’épée, mais par la loi : je ne veux pas de cela.

Je l’ai dit à celui qui m’avait envoyée vers vous. Il ne le veut pas non plus, parce que vous lui êtes indifférent, et qu’il déteste votre adversaire.

Il m’a répondu : Retournez auprès de M. le baron d’Arcis et apprenez-lui que le locataire du château neuf Goret, celui qu’on appelle M. Nicolas, le prince, le fils de saint Louis, etc., et qui a beaucoup d’autres noms encore est l’assassin de Jean Labre.

— Mon frère ! s’écria Paul qui se leva droit sur ses pieds à cette révélation inopinée.

— Et, pour preuve de cette assertion, continua Mlle de Champmas sans s’animer, dites-lui (c’est toujours l’ennemi du prince qui parle), dites-lui qu’on a tendu tout autour