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Ses larmes jaillirent seulement quand un son de voix de femme, perçant les cloisons, rompit le silence qui régnait dans la chambre à coucher.

Dans la ruelle du lit de Paul, pendait un petit crucifix qui lui venait de sa mère.

Suavita quitta sa chaise d’un pas pénible et alla vers le lit où elle s’agenouilla.

Mais elle ne put pas prier.

Elle gagna lentement la porte par où Paul était sorti.

Au-delà de cette porte il y avait une antichambre, puis c’était le salon.

Les voix venaient du salon.

La voix de Paul et l’autre voix…

Paul était en effet dans le salon, debout, en face de Mlle Ysole de Champmas qui se tenait assise sur le canapé.

Il y avait deux lampes allumées sur la cheminée qui suffisaient à peine à éclairer cette grande pièce d’aspect sombre et meublée parcimonieusement ; mais leurs rayons tombaient sur la fière beauté d’Ysole qui semblait ressortir plus frappante dans ce cadre et que Paul Labre couvrait d’un regard ébloui.

Où était la tendre émotion qui naguère lui faisait battre si doucement le cœur ? Où était la pensée de sa pauvre petite Blondette ?

Il contemplait Ysole ; dans l’univers entier, il n’y avait pour lui qu’Ysole.

Ysole avait les yeux baissés. La ligne hardie de ses sourcils se contractait.

— Monsieur le baron, dit-elle, je cherche mes paroles. Je sais ce que vous avez fait