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de me mettre aux côtés d’un roi pour le défendre m’attirait et me plaisait. Je croyais qu’on allait me proposer cela.

» — Je suis prêt, dis-je. Pour arriver au roi, il faudra me passer sur le corps !

» Il y eut un peu de commisération dans le bon gros rire de M. V…, qui grommela :

» — Bravo, champion du roi, chevauchant à la portière du carrosse avec une lance et un bouclier, prêt à défier tous les chevaliers félons qui voudraient le percer d’un dard ou d’une javeline ! Mon cher Monsieur Paul, cela ne se fait plus ainsi, depuis qu’on a inventé la poudre. Les chevaliers félons ont des moyens diaboliques de tuer les rois. Il ne faut pas attendre leur rencontre. On va les trouver chez eux, on les ficelle comme des paquets et on les met au roulage pour quelque endroit où sont les cages bonnes à garder de pareils oiseaux.

» — Monsieur, repartis-je vivement, je ne vaux rien pour un pareil métier.

» — Savoir, mon jeune gars, savoir. On ne se connaît pas soi-même. À votre place, moi, j’aimerais mieux faire un peu violence à mes goûts que de voir ma mère malade, arrêtée et conduite en prison.

» — En prison ! ma mère ! m’écriai-je.

» — Point d’éclat, s’il vous plaît, me répondit M. V… Je vous ai choisi pour vous épargner une grande peine. Nous allons causer tous deux… Allez, il faut bien que les Georges Cadoudal soient arrêtés par quelqu’un, et ce n’est pas la mer à boire.