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Le regard de l’enfant transperçait sa pensée et devinait son erreur.

Ce ne furent plus ses yeux seuls, ce fut tout son être qui protesta, disant, criant en quelque sorte, tant la mimique fut véhémente :

— Pas vous ! pas vous !

— Tâche de t’expliquer, chérie, dit Paul. Voyons, essaye !

C’était difficile. Les signes, ici, ne suffisaient point. Les signes ne racontent pas, quand, au point de départ de la pantomime, il n’y a pas un fait acquis, servant de lien entre les deux intelligences.

Et il fallait ici raconter.

La pauvre fille avait mis trop de temps à tracer ce mot : Mon père, qui était la réponse directe à la dernière interrogation de Paul : Qui vous a dit cela ? Qui avez-vous vu ?

Paul avait été distrait depuis lors par d’autres pensées ; il ne se souvenait plus de sa question.

Suavita essaya de raconter. Elle entreprit avec une fougue inouïe d’expliquer ce qui n’était pas explicable : l’entrée d’un étranger dans la maison, sa surprise, sa joie à la vue de son père, la douleur terrible qui lui avait brisé l’âme en apprenant que Paul était accusé du meurtre de Thérèse Soulas… Je vous le dis : l’impossible !

Et pendant qu’elle s’efforçait, Paul, ébloui par la multiplicité de ses gestes intraduisibles, par l’éloquence de ses yeux, par la passion qui jaillissait hors d’elle, admirait cette