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point monté ce jour-là à la Belle-Vue-du-Foux.

À la Belle-Vue-du-Foux ! La figure de ce sauvage braconnier qu’il avait aperçu un instant entre les branches lui revint.

Et le coup de feu entendu à la fin de sa conversation avec Ysole !

Et ce mot de sa vieille servante : — J’ai bien pensé que vous n’auriez point le cœur à l’appétit !

Pendant qu’il réfléchissait, Suavita dégagea son bras doucement et retourna vers la table où elle prit la plume de nouveau.

Paul ne faisait plus attention à elle.

Il se perdait en un dédale de pensées où nul fil ne pouvait le guider.

Suavita, encore une fois, mouilla sa plume d’encre. Sa main molle et indécise, comme celle d’un enfant qui ébauche son premier essai d’écriture, balbutia lentement sur le papier. Elle fit plusieurs tentatives et déchira plusieurs feuilles, mais, enfin, elle bondit sur ses pieds et s’élança vers Paul en agitant le lambeau de papier qu’elle tenait à la main.

Paul le prit et lut avec peine, tracés en caractères mal formés, ces deux seuls mots : « MON PÈRE. »

Il ne comprit point.

Il crut que la fillette l’appelait son père, et cela fit naître en lui une singulière émotion, où il y avait de la joie et du regret. Il tendit les bras à Suavita qui le repoussa avec colère.