Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On eût dit une étude de la Pudeur adolescente, échappée à la fantaisie d’un maître du pinceau.

Elle était fière, mais douce. Elle se repentait, mais par l’instinct seulement. Elle naissait femme, et il semblait qu’il y eût autour de son sourire farouche un reflet d’immaculée volupté.

En ce moment, peut-être, Paul entrevit le fond de son propre cœur.

Mais tout cela passa comme un éclair.

Suavita, par un geste admirable d’expression et de dignité, mit fin à cet épisode imprévu ; puis, comme Paul fixait toujours sur elle son regard interrogateur, elle revint vers lui, tenant à la main un petit médaillon de cristal qui pendait à son cou.

La peur nous tient que le lecteur ne prenne ce petit médaillon pour un meuble de mélodrame, d’autant qu’il contenait une mèche des cheveux de feu Mme la comtesse de Champmas.

Sans mépriser le génie des écrivains habiles qui se servent de pareils bijoux pour amener d’importantes péripéties, nous croyons n’avoir jamais abusé de « la croix de ma mère. »

Le lecteur peut compter sur nous.

Le médaillon était tout uniment un cadeau de la pauvre Thérèse : une demi-dévotion, une délicatesse tronquée : comme tous les actes de cette malheureuse femme.

Thérèse, qui gardait un culte fidèle, mais stérile, à la sainte, avait attaché au cou de sa