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Paul et lui toucha le bras.

— Moi ? fit-il au hasard.

Et il s’arrêta, ébahi, parce que les yeux de l’enfant répondaient oui.

— Est-ce la folie qui vient, la vraie folie ? balbutia-t-il avec un serrement de cœur.

Elle secoua son bras fortement, et son regard, aussi net qu’une parole, affirma :

— Non ! je ne suis pas folle !

Mais elle ne put aller au-delà, et ses belles petites mains se tordirent avec désespoir.

— Voyons, reprit Paul, qui avait de la sueur aux tempes. Calme-toi. Tu sais bien que nous nous comprenons toujours à la fin. Je n’ai pas été tué, est-ce moi qui ai tué ?

La tête de Suavita tomba sur son sein.

— Oui ? interrogea Paul.

Les beaux yeux humides de l’enfant répondirent affirmativement.

— Et tu crois cela, toi ?…

Il n’acheva pas parce que les deux bras de Suavita se pendirent à son cou.

Par un mouvement plus rapide que la pensée, elle colla ses lèvres à celles de Paul.

Ses lèvres brûlaient.

Puis elle s’enfuit à l’autre bout de la chambre.

Paul resta tout tremblant sous le choc de ce baiser virginal et ardent.

Son premier pas le porta vers l’enfant qui frémissait loin de lui, mais il s’arrêta à la contempler si merveilleusement gracieuse et jolie.