— Plût à Dieu qu’il ne s’agît que de cela !
— As-tu vu quelqu’un ? demanda Paul.
Les paupières de Suavita s’étaient séchées sous l’effort du grand travail qu’elle faisait pour exprimer sa pensée.
Une nouvelle larme vint se balancer à ses cils.
— Mais tu me fais mourir, fillette ! s’écria Paul.
Elle serra sa main si fortement sur ce mot : mourir, que Paul la regarda, effrayé.
Il y avait dans la prunelle de Suavita un feu sombre qui soulignait énergiquement et volontairement ce mot : mourir.
— Quelqu’un est mort ? reprit Paul Labre. Oui ? quelqu’un que tu connaissais ? oui ? que tu aimais ?…
Toujours oui.
Paul avança la main pour prendre la sonnette.
— Le plus court est d’interroger les domestiques, pensa-t-il tout haut.
Mais Suavita secoua la tête vivement.
— Tu ne veux pas ? reprit Paul. Pourquoi ne veux-tu pas ?
Pour la seconde fois, le doigt de l’enfant toucha sa poitrine comme pour le désigner lui-même.
— Ma foi, Blondette bien-aimée, dit Paul, c’est de l’hébreu pour moi.
Elle fit encore un grand effort qui amena le sang à ses joues.
On eût dit que les paroles allaient enfin jaillir de ses lèvres.