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Tel était ici le cas. Du premier coup d’œil, Paul Labre vit que sa petite amie avait à lui dire des choses qui sortaient de la gamme habituelle de leurs entretiens.

Leur silencieux vocabulaire ne contenait point les signes qu’il fallait pour exprimer ces idées.

Et ces choses étaient graves ; car, pour la première fois, Blondette, dans son impatience d’être comprise, fit un effort visible et douloureux, pour articuler des sons.

Sa gorge se contracta, les lignes gracieuses de sa bouche rompirent leur harmonie, puis elle porta ses deux mains à son front avec découragement.

— Mais qu’est-ce donc ? mais qu’est-ce donc, chérie ? demanda Paul en l’attirant contre sa poitrine. Tu as donc beaucoup de chagrin ?

Les yeux bleus dirent oui, et exprimèrent un espoir joyeux.

— Interroge-moi, semblait demander l’enfant, cherche, essaie !

Ceci était dans le dictionnaire de leurs causeries. Paul comprit et obéit aussitôt :

— Quelqu’un t’a-t-il fait du mal, chérie ?

Le doigt de Suavita toucha la poitrine de Paul qui fronça légèrement le sourcil.

Mais elle secoua aussitôt sa tête blonde avec pétulance comme si elle eût voulu dire :

— Non, non ! il ne s’agit pas de ma jalousie qui t’impatiente !

Et ses yeux bleus, levés vers le ciel, ajoutèrent :