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laborieuse comédie, jouée vis-à-vis d’un étranger ?

Paul rêvait ainsi, et il souffrait de cette angoisse confuse qui fait ressembler certains regrets à des pressentiments.

La lune s’était voilée sous un nuage, faisant la nuit complète à l’intérieur de la chambre.

Dans cette obscurité profonde, Paul entendit un mouvement léger.

Le nommerai-je fluidique, ce lien mystérieux, ou le ferai-je, comme c’est plus vraisemblable et moins matérialiste, complètement étranger au corps ?

Les spirites amoncellent beaucoup de mensonges autour d’une vérité qu’ils n’ont point inventée : la communication entre les âmes.

On ne sait comment cela est, mais cela est : les âmes se touchent à l’aide d’organes inconnus.

Ce bruit si faible, ce mouvement presque imperceptible fit tourner la rêverie de Paul et appela vers lui la pensée de Suavita.

Il la repoussa d’abord, car elle venait, distraction importune, troubler sa méditation douloureuse et bien-aimée à la fois.

Puis il fit comme les bons cœurs qui écoutent malgré eux la tendre pitié, comme Jésus qui laissait venir à lui les petits enfants : il ne se défendit plus contre cette douce diversion.

Il lui sembla qu’elle soulageait sa peine.

Il se le dit, car ces solitaires parlent souvent tout haut. Il prononça le nom de Blondette, comme il avait répété tant de fois le nom d’Ysole, ce soir.