Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le souvenir de sa rencontre avec Ysole amena le rouge à son front.

Le valet l’observait.

— Non, répondit Paul par un sentiment de discrétion qui se rapportait à Mlle de Champmas.

Le valet secoua la tête et s’éloigna en murmurant :

— Tant mieux pour vous, notre monsieur !

La servante vint lui offrir à dîner ; il refusa, et la servante dit :

— J’ai bien pensé que vous n’auriez point le cœur à l’appétit.

De même que le valet, la servante ne fit nulle mention de la tentative du général pour entrer dans la maison.

Tout à l’heure, nous connaîtrons le motif de ce silence.

Neuf heures venaient de sonner à la pendule de Paul. Il était seul dans sa chambre et songeait. Nul de ses serviteurs n’était venu allumer sa lampe ; la pièce n’était éclairée que par un rayon de lune, tombant à travers la mousseline des rideaux.

Depuis bien des jours, Paul n’avait point senti si lourdement le poids qui pesait sur son cœur.

C’était une chose inexplicable : quelques heures à peine le séparaient du plus vif bonheur qu’il eût éprouvé en sa vie, et rien ne lui restait de cet instant d’allégresse passionnée, sinon un sentiment d’amertume et de vague douleur.

Il avait l’âme, si l’on peut ainsi dire, plus meurtrie et plus découragée que jamais.

L’amour n’a pas besoin de paroles et les