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Ce départ pour Paris était un gros problème résolu, au point de vue de l’affaire. La route de Paris, pour une femme comme Mathurine, ressemble à la route de Corse et la question de passer la mer n’était rien. Une fois la richarde entre les mains des frères de la Merci, à Sartène, ses millions au soleil devenaient des fruits mûrs qu’il ne s’agirait plus que de cueillir.

Aussi, M. Lecoq de La Perrière, qui avait été absent presque toute la journée depuis sa réconciliation si franche avec le fils de saint Louis, reçut-il d’un visage riant le bouquet des bonnes nouvelles.

Il en apportait d’excellentes aussi : tout était prêt pour le duel du lendemain.

La mort de la Soulas faisait déjà grand bruit dans le pays.

La note de Paul Labre était décidément acquittée.

Le chevalier-préfet ne s’était point trompé. Paul Labre avait passé la journée à chercher des témoins et n’en avait point trouvé. Parmi les gentilshommes et propriétaires des environs, ceux qui ne donnaient pas dans la conspiration en avaient peur.

Paul Labre était rentré chez lui vers huit heures du soir, triste et fatigué. Il avait essayé en vain de joindre Ysole. En traversant le bourg de Mortefontaine, il fut surpris de voir avec quel soin les passants l’évitaient.

Derrière lui, on chuchotait et on se disait : « Il a encore le fusil… »

Son domestique normand lui demanda d’un ton que Paul trouva étrange s’il n’avait point monté, ce jour-là, jusqu’à la Belle-Vue-du-Foux.