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les autres préparés et sur le point d’arriver à exécution.

Thérèse Soulas ! il l’avait quittée depuis quelques heures à peine, avec un pressentiment, avec un scrupule, — et il venait d’entendre l’écho lointain du coup de feu qui la jetait morte sous la feuillée.

Car, au contraire du fils Goret, Pistolet comprenait tout.

Il savait à fond l’affaire de la reine Mathurine, comme si on la lui avait expliquée par le menu ; il savait mieux encore le sort destiné au pauvre éclopé.

Quant aux menaces suspendues sur la tête de Paul Labre, il en eût au besoin fait un rapport, lucide comme ceux de ce bon vieux colonel, au conseil des Habits-Noirs.

Auquel entendre, cependant ? Où aller ? Ces gens marchaient vite, et il fallait les gagner de vitesse.

Cette hideuse vieille, la Goret, était une créature humaine, après tout. Était-il sage de l’avertir ? Elle ne croirait pas : on l’avait affolée.

D’ailleurs, ici, le danger n’était pas imminent. On ne pouvait la liquider qu’après le mariage.

Dénoncer le tout au parquet ?

Pistolet était un gamin de Paris. Sa confiance dans les tribunaux ne dépassait pas un certain niveau ; sa confiance en lui-même n’avait point de bornes.

Et le plus pressé, sans contredit, était Paul Labre. Sac à papier ! le bel amoureux ! et presque une voix de basse-taille ! Mais que diable était-il venu faire parmi ces vils co-