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vant, il se servit de ce qu’il avait appris aux écoutes et conquit du premier coup une position de confiance.

Le fils Goret fut remis entièrement à sa garde ; il en répondit corps pour corps. Il eut ordre, en outre, de se tenir à la disposition du conseil jour et nuit.

Ceci réglé, il put conduire le parricide à l’office. C’était une bonne et secourable nature. Il bourra son prisonnier comme un canon.

Le fils Goret avait vu aujourd’hui des quantités de choses, mais il n’avait rien compris à ce qu’il avait vu.

Une seule idée le travaillait : c’était l’espoir d’être riche et de dîner du matin au soir.

Pistolet prêtait une oreille indulgente aux rêves de ce naïf appétit, mais cela ne l’empêchait pas de réfléchir. Il avait, Dieu merci, des sujets de méditation par-dessus la tête.

Que diriez-vous d’un chasseur paisible qui a pris son fusil, un matin, pour abattre un lièvre ou deux et qui se trouve tout à coup au milieu d’une ménagerie de bêtes féroces ? Les Gérard et les Bombonnel sont rares. Pistolet s’avouait qu’il avait bien du fil à retordre.

On l’avait mis sur la piste d’un crime ancien. Dans cette voie, il ne s’agissait pas d’autre chose que de livrer un ou plusieurs malfaiteurs à la justice. Et voilà que, dès le premier pas, il rencontrait tout un ensemble de crimes nouveaux qui enjambaient l’un sur l’autre, qui se croisaient, qui se brouillaient : l’un, à tout le moins, commis déjà :