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— Je ne veux plus qu’on plaisante, prononça le faux prince d’une voix ferme. Chacun est ici pour sa peau. Suis-je le Maître de l’affaire, oui ou non ?

— Tu es le Maître, mon cœur, répliqua le colonel. Et l’Amitié me disait tout à l’heure encore : Décidément, c’est un gaillard ! Il t’adore, au fond.

Le prince avait toujours les yeux sur Lecoq.

— Toulonnais ! prononça-t-il à voix basse, veux-tu que nous prenions chacun un couteau pour en finir ?

— Non ! répondit Lecoq ; j’aime mieux te donner la main franchement.

— Bravo ! applaudit le colonel. Embrassez-vous, mes chers amours !

Le prince prit la main que Lecoq lui tendait.

Il était pensif et murmura :

— Cette nuit, as-tu entendu marcher dans ta chambre, au château de Clare ?

Lecoq tressaillit et devint pâle.

Le prince lui serra fortement la main et continua, comme si tout eût été dit :

— Quoi qu’il arrive, nous ne pouvons rester dans le pays. L’affaire de la succession Goret doit désormais se terminer ailleurs. Je me charge d’emmener Mathurine jusqu’en Corse, et là, nous ferons tout ce que nous voudrons. C’était le vrai jeu ; il est encore temps de le jouer… Quant à l’autre histoire, elle nous livre ce Paul Labre. Il faut qu’il soit arrêté à l’heure même du duel et sur le terrain, pour le meurtre de la Soulas… Comme tout peut manquer, même les choses les mieux calculées, je désire que Louveau soit