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la France, et par droit de conquête et par droit de naissance.

Il n’y eut pas un hobereau qui ne frémît d’admiration.

L’ancien élève de l’école lui-même, sceptique par état, laissa jaillir ce mot :

— Nous aurons un grand roi, Messieurs !

Ce bon vieux colonel disait cependant cela à M. Lecoq :

— L’Amitié, mon bibi, tu vois qu’il a de la capacité !

Lecoq haussa les épaules en répondant :

— Il nous sent derrière lui. Patience !

— Hé ! hé ! mon bien-aimé, fit le vieillard, quand tu es derrière quelqu’un il n’y a pas de quoi se rassurer. On ne sait jamais si tu donneras un coup d’épaule ou un coup de pied.

— Toujours le mot pour rire, papa ! grommela Lecoq. Mais chut ! voici le Nicolas qui vient recevoir nos félicitations.

— Messieurs, disait en effet le prince, et vous surtout, belles dames, je vous demande la permission de conférer un instant avec mes amis de Paris.

Chacun s’écarta respectueusement.

Le prince et les gens de Paris se groupèrent si près du bosquet que Pistolet recula en rampant et en bâillonnant plus énergiquement son protégé Goret.

— Eh bien ! Sire, dit Lecoq, nous attendons les ordres sacrés de Votre Majesté.

Nicolas lui jeta un regard de défiance, si perçant et si menaçant que Lecoq baissa les yeux.

— On plaisante, murmura-t-il, eh ! bonhomme ! tu as été gentil.