Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il ajouta tout bas :

— Demain, six heures du matin, carrefour du Foux, au pistolet.

— On ne se bat pas sans témoins ! s’écria le chevalier suffoquant de colère, et je défie ce Monsieur de trouver un seul témoin dans le pays !

— Mes témoins, reprit le fils de saint Louis, sont le colonel Bozzo et M. Lecoq de La Perrière. Les vôtres, Monsieur le baron, s’il vous plaît ?

— Je vous ferai savoir leurs noms, répliqua Paul qui salua de nouveau les femmes et sortit lentement.

Dès qu’il eut disparu, le zèle de la conspiration éclata comme un pétard. Un tel combat était impossible, criminel, dénaturé, sacrilège !

Les têtes couronnées ne s’exposent pas dans un duel.

Chacun voulait se battre pour le prince, et cette déclaration s’élança d’une demi-douzaine de bouches au moins :

— Monseigneur ! tout mon sang est à vous !

Ces bouches n’appartenaient point aux gens de Paris.

Le fils de saint Louis remercia avec cette grandeur sereine qui va bien aux pasteurs des peuples. Il avait un faux air d’Henri IV sur le Pont-Neuf quand il fit cette réponse remarquable :

— Messieurs, avant d’être Bourbon, je suis Français et gentilhomme. Pour s’abriter derrière une couronne, il faut la porter. La mienne est sur la tête d’un usurpateur, et c’est en imitant mes ancêtres, les monarques chevaliers, que j’arriverai à régner sur