prendre au moins votre demi-tasse.
Un merci bref et impatient fut la seule réponse du jeune homme.
Il était toujours assis à sa petite table, et sa plume courait sur le papier ; longtemps arrêtée par la difficulté d’énoncer un fait pénible et d’exprimer une douloureuse vérité, elle avait franchi enfin l’obstacle et courait maintenant sans hésitation.
« — Mon frère, écrivait Paul, à quoi bon plaider une cause perdue ou choisir laborieusement le meilleur moyen de présenter ma misérable histoire ? Je vais être vrai, cela suffit. Je suis content que tu sois mon juge.
» M. V… commença par me parler de ma mère, de sa santé chancelante, de son âge et de la grande position qu’elle regrettait. Il m’apprit qu’elle avait des dettes ; il ne me cacha point que les engagements souscrits par elle étaient de l’espèce la plus dangereuse, et il ajouta :
» — C’est une excellente personne, très impressionnable et qui a mal dirigé sa vie. Nous l’aimons tous ; je dirai plus, nous la respectons, mais ses amis ont fait tout le possible. C’est à vous maintenant, Monsieur Paul, de donner un coup de collier.
» — Je suis prêt à tout, répondis-je.
» — À tout ? répéta-t-il en me regardant fixement.
» Puis il reprit :
» — C’est bien… D’autant qu’avec sa pauvre tête, un malheur de l’espèce que je redoute la tuerait tout net.
» — Quel malheur redoutez-vous, Monsieur ? au nom du ciel ! m’écriai-je.
» Il ouvrit la bouche pour me répondre ;