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— Non pas à vous, repartit sèchement Paul Labre.

— À qui ? s’écrièrent quatre ou cinq voix de conspirateurs échauffés.

Paul montra du doigt le prince et repartit :

— À lui.

Il fut aussitôt entouré.

Poulain et le neveu Dumolard levèrent la main sur lui.

— Messieurs ! Messieurs !… voulut dire le prince.

Il paraît que Paul était très vigoureux, car il écarta sans effort apparent ceux qui l’approchaient de trop près.

— À lui, répéta-t-il, quand il eut fait le cercle, et je préviens la question qui pourrait m’être adressée : Pourquoi ? Je ne veux pas, je ne peux pas dire pourquoi. Il s’agit d’une femme. Peu m’importe que cet homme soit un imposteur ; je n’ai pas mission de venger les dupes qu’il trompe et qu’il dépouille. Il me suffit que cet homme ait agi une fois en sa vie comme un misérable et comme un lâche.

— De par Dieu ! s’écria l’aîné des Portier de La Grille, il est permis de museler un chien enragé !

Il s’élança bravement ; mais Paul le toucha et il revint tomber au milieu de la conspiration déconcertée.

Paul franchit la distance qui le séparait du prince.

Celui-ci l’arrêta d’un geste hautain et dit sans perdre son sourire :

— Je me tiens pour suffisamment averti, Monsieur le baron.