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a pas plus beau mâle dans Paris ! Quel jeune premier ça ferait à la Porte-Saint-Martin ! Bobino ne serait pas digne de lui.

— Monsieur le baron, dit en ce moment M. Nicolas, parlant avec simplicité, comme un homme d’excellent ton, je suis heureux de vous voir chez moi.

Paul s’était arrêté à cinq ou six pas de lui.

Il n’hésita pas, mais ses sourcils se froncèrent légèrement comme si, pour la première fois, il eût compris le côté pénible de l’acte qu’il allait accomplir.

Ce fut le moment de fièvre pour les gens de Paris. Ils avaient peine à cacher leur profonde anxiété.

Seul, le maître de la maison gardait son sourire.

— Mais oui qu’il a du talent, ce canard-là ! se dit Pistolet. C’est un beau traître ! Et de la tenue !

— Monsieur, répliqua enfin Paul Labre, j’ai à vous communiquer des choses qui seraient peut-être mal placées devant des dames.

— Souhaitez-vous un entretien particulier ? demanda M. Nicolas avec une parfaite aisance.

— Non, répondit Paul, ce n’est pas cela.

Puis, avec un mouvement d’impatience, il ajouta :

— J’ai besoin de ces Messieurs, mais je crains de mécontenter ces dames.

Le prince baissa la voix pour répondre et son accent prit une véritable dignité.

— Monsieur le baron, dit-il, je n’ai pas l’honneur de vous connaître ; et je serais