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un profane.

Et cependant, l’accent de sa réponse à l’huissier campagnard portait en soi un tel caractère de menace que le chevalier de la Prunelaye dit à sa chevalière :

— Tu sais que, le cas échéant, nous serions jugés par une cour prévôtale, bobonne.

Pour les gens de Paris, au contraire, et surtout pour le beau Nicolas lui-même, le nom de Paul Labre avait une tout autre importance.

Paul Labre était l’ennemi.

La police des Habits-Noirs, très bien faite, d’autant mieux faite qu’elle tenait par des liens mystérieux à cette bizarre et adultère administration que le gouvernement de Louis-Philippe eut le tort de laisser fonctionner quasi-officiellement, la police des Habits Noirs, disons-nous, avait signalé dès longtemps et contreminé les efforts de Paul Labre.

Nous savons qu’on avait déjà entamé contre lui cette terrible guerre de l’assassinat juridique. Le piège ordinaire de l’association avait été tendu. Un être humain était mort aujourd’hui même, tout exprès pour constituer Paul Labre débiteur de la loi.

Les témoins étaient prêts pour constater la sanglante créance. Le meurtrier de Thérèse Soulas avait fait coup double.

Il ne restait plus qu’à procéder régulièrement et à suivre les errements habituels de la confrérie.

C’était simple, facile et sûr.

Mais voilà que Paul Labre prenait les devants.