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Le premier mot qu’il entendit fut le nom de Paul Labre.

Il s’arrêta tout ému.

À travers une autre machination qu’il commençait à entrevoir, mais dont il ne détaillait pas encore bien les rouages, il se trouvait tout à coup porté au centre même de sa besogne.

C’était pour Paul Labre qu’il était ici et il ne l’avait point oublié.

Il avança de nouveau, retenant son souffle.

Pendant qu’il rampait, le frôlement des herbes l’empêchait d’entendre, et il regrettait amèrement chaque mot perdu.

Au bout d’une trentaine de pas, les branches du fourré s’éclaircirent, puis laissèrent pénétrer une large lueur.

Trente pas encore, il aperçut le blanc profil du château neuf qui tranchait dans la verdure.

En même temps, son regard, fixé droit devant lui, distingua entre les feuilles plusieurs costumes sombres, parmi lesquels se détachait le clair vêtement d’une femme.

Il fit un dernier effort, tourna un gros tronc d’arbre et se trouva, caché qu’il était dans un buisson, en face d’une sorte d’assemblée, gravement assise autour d’une table rustique qui supportait les restes d’un premier déjeuner.

Il y avait là quatre hommes, dont faisait partie le centenaire au paisible sourire, et la charmante personne que Pistolet avait déjà vue appuyée à son bras : le colonel Bozzo et la comtesse Corona.

Ce ne fut point sur eux que s’arrêtèrent les yeux du Parisien, mais bien sur celui qui parlait en ce moment.

Sa voix, facile à reconnaître, était celle qui avait prononcé le nom de Paul Labre.

Cet homme avait une belle taille un peu trop chargée d’embonpoint, un teint très blanc et une abondante chevelure bouclée,