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Pistolet, ignorant ce que nous savons, et préoccupé de choses totalement étrangères au métier actuel du maître de céans, eut beau escalader les murailles et rôder, selon son habitude, il ne découvrit rien.

Il fut même trompé par l’apparence extérieure de cette maison murée, mais sourdement pleine d’activité et de bruits.

Ce qui transpirait hors de ces murs c’était la « conspiration. »

Nous ne saurions trop répéter que le métier de cette conspiration était de faire du bruit et de paraître. Elle était purement et simplement un leurre.

La petite noblesse du pays, enrégimentée dans ce complot voleur, travaillait sans le savoir au profit des Habits-Noirs.

Mais nulle contrée n’est assez sauvage pour échapper complètement à l’œil de l’autorité. Nos lecteurs se demanderont sans doute comment l’autorité pouvait rester aveugle en face de ces conciliabules notoires jusqu’à l’effronterie.

La réponse à cette question est nette et facile : elle appartient à l’histoire même des différents imposteurs qui jouèrent successivement ou ensemble ce rôle de fils de Louis XVI.

Les écrits laissés par Naundorff et Mathurin Bruneau, les documents publiés par le duc de Normandie ne laissent aucun doute sur le système adopté par le gouvernement de Louis-Philippe à leur égard. Il fut toujours et partout le même.

Le gouvernement de Louis-Philippe favorisait indistinctement et jusqu’à un certain point compatible avec la prudence d’État, tous les Louis XVII, — parce que son principal adversaire était le parti légitimiste, et que l’existence d’un fils de Louis XVI une fois admise, le principe même de la loi légitimiste tombait en ruine.

Pistolet vit donc la conspiration et fut sur