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guère à la ferme de la Goret en jetant le nom de Trois-Pattes comme garantie.

Trois-Pattes, dont le vrai nom était Andréa Maynotti, usant d’un déguisement hardi, s’était glissé au milieu même des Habits-Noirs pour assurer sa terrible vengeance. Il possédait la confiance du colonel Bozzo ; il avait inspiré une romanesque affection à la petite-fille du Père-à-tous, la belle et infortunée comtesse Corona.

Grâce à ses relations avec Trois-Pattes, Pistolet avait pu entrevoir plus d’une fois le vieux colonel et la belle comtesse.

Mais il est temps de mettre sous les yeux du lecteur les faits et gestes de Pistolet entre le moment où il avait quitté M. Badoît à Alençon et l’heure où nous le retrouvâmes dans l’enclos de M. le baron d’Arcis.

Passant par-dessus le voyage en patache, dont nous avons dit un mot et qu’il avait fait en compagnie de Louveau, dit Troubadour, nous arriverons au château neuf où l’avait conduit, quelques heures auparavant, la piste de ce même malfaiteur.

Il y avait autour de l’homme qui habitait le Château-Neuf deux sortes de mystères : un mystère de comédie et un mystère sérieux.

Le premier, dont il s’entourait en qualité d’héritier prétendu d’un trône et de chef d’une conspiration, était factice et tout théâtral ; le second, que l’arrivée de Paul Labre et de Mlle Ysole de Champmas dans le pays avait rendu plus rigoureux, était de tout point nécessaire.

Le fils de saint Louis, en thèse générale, n’était pas de ceux qui peuvent se montrer impunément à leurs anciennes connaissances. Il avait un passé délicat.

Par cette dernière raison surtout, la porte du château neuf était strictement fermée à tous ceux qui n’avaient point le mot de passe.