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aux champs et à la veillée.

Aucun des « gens de Paris » ne se montrait en ce moment.

Pistolet était ici chez lui comme partout. Il prit une écuelle, puisa de l’eau à la cruche et vint offrir ce simple breuvage à la Goret, qui le repoussa énergiquement.

Pistolet porta l’écuelle à l’éclopé qui reprenait ses sens et qui but avec avidité.

— Monstre ! lui dit le gamin du haut de son indignation, tu n’as pas même la conscience de ton crime !

Les paysans s’étaient groupés et chuchotaient.

— Y a bien des vilenies dans c’te maison-là, disait l’un.

— Et des cache-cache ! répondait l’autre.

— Et quand la justice y descendra, on en verra des péchés !

Mathurine se remit sur ses pieds et prit son plantoir.

Les paysans reculèrent.

— Villageois ! dit Pistolet, qui en étonna au moins deux par la force qu’il mit à les saisir sous les épaules, vous êtes priés d’aller chacun chez vous. Soyez discrets. La divulgation de pareils attentats ne peut être que nuisible aux mœurs. Mais si ce malheureux usait une seconde fois de violence, vous avez vu, vous sauriez éclairer la justice, en qualité de témoins véridiques et sincères.

— Ah çà ! quoi que vous êtes, vous ? demanda le valet de charrue en essayant de résister.

Pistolet le jeta dehors avec son camarade en répondant :

— Je suis un bourgeois de Paris, la grand’ville, et je voudrais avoir votre vigoureuse santé, simples habitants des campagnes.

Il en lança deux autres à la porte, embrassa les deux filles et reprit :

— Bonsoir, villageois, portez-vous bien, mes amis.

Dès que la salle fut vide, la porte opposée, donnant dans l’étable et de là dans la cour, s’ouvrit brusquement. Le vicomte Annibal, Cocotte et Piquepuce parurent sur le seuil.