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être trop riche.

— Fiot, dit-elle d’un ton notablement radouci, je réfléchis dur et profond, sans que ça paraisse. Je cherche où je pourrais prendre tout d’un coup tant d’argent.

Nous savons déjà que l’éclopé n’était pas là de lui-même. On l’avait endoctriné. Qui ? Ce n’était pas à lui qu’il aurait fallu le demander.

Il haussa les épaules pour son malheur et répondit :

— Oh ! là là ! ma m’man ; ce n’est point beaucoup d’argent pour vous, trente-cinq sous ! qu’on dit que vous avez des mille et des cents de rente, à vous, tout partout appartenant.

La main de la Goret se crispa de nouveau.

— Qui dit cela ? interrogea-t-elle avec toute sa colère déjà revenue.

— Le monde, donc !

— Le monde, fiot ? fit-elle avec une feinte douceur. Va, mon poulet, raconte comme le monde cause.

— Sans compter, poursuivit le gars, que j’ai vu le dedans de votre bahut. Ah ! là là ! y en a assez dedans, ma m’man, des sous, des francs, des écus…

— Ah ! gronda Mathurine, tu as vu le dedans de mon bahut ? C’est du bien qui appartient aux beaux messieurs et aux belles dames de tantôt, mon petit fiot.

— Brin, brin, not’m’man, répliqua le gamin en souriant d’un air finaud. Vous les avez appelés comme ça vos domestiques, ceux-là !

C’était bien vrai, mais il ne faut pas avoir raison contre les rois.