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S’il faut donner un gage, voilà mon rond de serviette, et je le rachète avec une nouvelle : on s’est encore adressé à M. Vidocq, pour l’affaire du marchef.

— Est-ce possible ! s’écria M. Chopand ; ils le renvoient, ils le prennent ; ça fait pitié de voir les chefs aller ainsi à tâtons.

M. Vidocq est si adroit ! dit Mme Soulas.

Autour de la table, tout le monde haussa les épaules.

Mme Soulas reprit :

— Sait-on au juste la chose du marchef ?

— On la sait, répondit M. Mégaigne ; c’est moi qui l’ai trouvée du haut en bas, et je peux bien la dire, puisque mon rapport est déjà au bureau. Jean-François Coyatier, dit le marchef des Habits Noirs, était renvoyé devant la cour d’assises de la Seine pour assassinat suivi de vol. Les petits ruisseaux font les grandes rivières : dans l’instruction, on avait cueilli tout un bouquet de crimes et délits, anciens, modernes et autres : de quoi faire condamner une douzaine de coquins. Le marchef devait passer tout de suite après l’affaire politique où le général de Champmas est témoin… et, par parenthèse, on dit que l’audience d’aujourd’hui ne sera pas finie à minuit : le général est au Palais, je l’ai vu…

— Est-il bien changé ? demanda Thérèse Soulas, qui tâcha de mettre de l’indifférence dans son accent.

— Assez… Mais s’il s’évade, celui-là, il sera sorcier ! Il est gardé à la papa, rapport à l’histoire de « Gautron à la craie jaune… » Monsieur Badoît, Pistolet, votre chien basset, a-t-il été en chasse aujourd’hui ?