pataude.
— J’ai, dit-il, une bonne nouvelle à annoncer à Votre Altesse Royale.
— Mon Altesse Royale ! se récria la Goret. Je ne suis encore que duchesse, Fanfan. Pas de bêtises ! L’étiquette avant tout !
— J’ai bien dit : Votre Altesse Royale, répéta le chapelain. Les casuistes ne sont pas d’accord sur la vertu de ces mariages morganatiques…
— Qu’est-ce qu’il dit ? s’écria impétueusement Mathurine. Comment qu’il appelle mon mariage ! Fais attention à toi, Fanfan. Il y a de la prison pour ceux qui ne me plaisent pas. Je mettrais le pape au violon, moi, vois-tu !
— Je parle, reprit l’abbé avec douceur, de ces unions de la main gauche, dont l’histoire offre malheureusement plus d’un exemple, mais qui ne laissent pas que d’effrayer ma conscience…
— Bel homme, hurla Mathurine, en s’adressant au vicomte Annibal, je veux que tu aies une épée au côté ! ça t’ira bien. Et un uniforme comme les bedeaux ! On paiera ce qu’il faudra, sacredienne ! J’en dépense assez de cet argent, mais mon saint-frusquin ne doit rien à personne. En attendant, mets celui-là à la porte (elle montrait le chapelain de son doigt tremblant). Il a été malhonnête avec Ma Majesté !
Elle s’arrêta au milieu du juron qui ponctuait cette phrase. La colère la suffoquait déjà.
Le chapelain dit précipitamment :
— Votre Altesse royale ne m’a pas compris. En deux mots, j’ai fait partager mes scrupules à monseigneur, et il consent à vous épouser selon la loi ordinaire de l’Église.
— Et à la mairie aussi ? balbutia la Goret émue jusqu’au transport.
— Et à la mairie aussi, répéta le chapelain.