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te bras de Lecoq.

— Il n’y a que toi, l’Amitié, dit-il, que je n’abandonnerai jamais !

Lecoq rit plus fort et répondit :

— Papa, je pleure d’attendrissement chaque fois que je pense à l’affection qui nous lie.

— Embrasse-moi ! s’écria le colonel ; je te nomme mon successeur !

Il reprit en essuyant une larme :

— Saurais-tu dire combien, jusqu’à ce jour, on a déjà soutiré à la fermière ?

— De seize à dix-huit cent mille francs, répliqua Lecoq, en comptant le château neuf.

— C’est joli… Et combien notre caisse a-t-elle reçu ?

— Rien… La mise en train a coûté cher, et Nicolas tire la couverture.

— Notre administration nous ruine ! soupira le vieux. Il n’y a pas de bonne maison qui puisse tenir à ce train-là ! Un coulage effrayant ! Ça abrège mon existence.

— Bah ! fit Lecoq, ce sont des bouts de chandelle. Si la chose réussit, nous encaisserons une somme folle tout d’un coup.

Le vieillard demanda :

— S’est-on occupé du fils, pour le parricide ?

Il prononça ce mot effrayant comme on caresse.

— Le fils doit venir ce matin, répondit Lecoq. Je m’en suis mêlé, heureusement.

— Qu’est-ce que c’est que ce garçon-là ?

— Une brute. Je connais les paysans : laissez-moi mener la chose.

La réponse du vieillard fut coupée par un bruit qui s’éleva à l’intérieur de la ferme.

— Retirons-nous, dit vivement Lecoq, nous ne sommes pas de ce tableau-là.

Pendant qu’ils s’éloignaient, montant le sentier qui menait au château neuf, ils purent entendre la voix de rogomme de la fermière disant :