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L’homme quitta le foyer.

C’était Louveau, dit Troubadour, qui gagna la porte en grommelant :

— Paraît que c’est ce M. Paul Labre qui est pour payer la loi… Moi, je ne lui en voulais pas à c’te femme-là, mais j’aime mieux me mouiller que de rester seul avec elle. On n’est pas maître de ça.

En quelques minutes, le général eut atteint la maison de M. le baron d’Arcis. Il sonna. Le domestique lui répondit que le baron était absent.

Le général, montrant ses vêtements trempés par l’averse, réclama l’hospitalité que nul ne refuse.

Le domestique, honteux et sentant le besoin d’une explication, dit :

M. le baron est bon comme le bon pain tout de même, quoi ! mais il mène son logis comme il veut. Quand on a quelque chose à garder, on se ferme.

Et il poussa la porte.

Le général se dirigea vers la mairie et fit sa déclaration au sujet du meurtre de Thérèse Soulas.

Vingt fois le nom de Paul Labre vint à ses lèvres ; il ne le prononça point.

Il entra à l’église du village. Il pria et rêva longtemps, seul dans la pauvre nef. Il pensait :

— J’entrerai dans cette maison murée. Contient-elle le bonheur de ma vie ou mon dernier deuil ?… Et ce jeune homme ! Les preuves s’amoncellent contre lui : c’est l’évidence… Pourquoi y a-t-il en moi une voix qui me crie : Celui-là ne peut pas être un criminel !