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un quart de lieue de Mortefontaine, vers la lisière de la forêt.

Quand il déposa son fardeau sur le pauvre lit, il crut entendre un soupir.

Les nuages accumulés faisaient presque la nuit dans la cabane.

Un homme était assis au coin du foyer, le dos tourné à la lumière.

— Thérèse ! dit le général, m’entendez-vous ?

L’homme allumait sa pipe à l’aide d’un charbon.

Le charbon tomba.

Dans l’ombre, une main froide toucha faiblement la main du général.

— Le nom de votre assassin, Thérèse ! s’écria celui-ci.

— Tâche ! grommela l’homme qui ramassa son charbon tranquillement.

La main glacée de Thérèse attira M. de Champmas qui mit son oreille tout contre la bouche de la mourante.

Elle fit un suprême effort pour parler.

Le général distingua un mot et un nom :

— Pardon… Suavita !…

Puis, dans un déchirant soupir, un autre nom qui s’exhala comme une prière :

— Ysole !

— Paul Labre ! interrompit le général. Au nom de Dieu, dites-moi la vérité. Est-ce Paul Labre ?

L’homme écoutait curieusement, l’homme du foyer.

La main de Thérèse eut une courte convulsion, puis se détendit.

Thérèse était morte.

Le général, agenouillé, écarta ses cheveux gris et la baisa au front, disant :

— Quoi que vous ayez fait, je vous pardonne.

Puis il se releva et s’élança au-dehors.