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plié, tandis qu’une rafale soulevait en tourbillons la poussière du chemin.

Le général leva les yeux, mais son regard n’alla point jusqu’aux nuées menaçantes qui déjà roulaient au-dessus de sa tête.

Son regard s’arrêta à quelques pas devant lui, sur un objet dont l’aspect le changea en statue.

— Thérèse ! prononça-t-il d’une voix rauque.

La pensée d’un assassinat avait traversé son esprit.

Et il eut cette vision : Paul Labre, debout, avec son fusil en bandoulière, au sommet de la plate-forme.

Il l’avait vu.

Depuis lors, une heure à peine s’était écoulée.

Il froissa la lettre.

— C’est impossible ! dit-il, révolté contre le soupçon qui grandissait malgré lui. C’est impossible et insensé !

— Thérèse ! appela-t-il encore.

Il avança.

La mère d’Ysole était tombée à la renverse et l’arrière de sa tête avait fait un trou dans le sable.

La pluie d’orage, fouettant déjà à torrents, faisait ruisseler ses cheveux gris le long de ses tempes décolorées.

M. de Champmas lui tâta le cœur, mais sa main tremblait trop.

Sa main rencontra, en se retirant, un bouchon de papier noirci et demi-brûlé, une bourre. On avait dû tirer de près.

Le trou de la balle était non loin de la bourre, au côté gauche de la poitrine.

Il n’épandait point de sang.

Le général saisit Thérèse dans ses bras et l’emporta, sous l’ouragan qui faisait rage, jusqu’à une cabane de bûcheron située à