Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre. Il se souvenait avec une sorte d’admiration de cet adolescent intrépide et si fort au-dessus de son douloureux état qui, autrefois, avait dédaigné l’usage de ses armes dans la maison de la rue des Prouvaires.

Tout cela devait être une fable inventée à plaisir ou une manœuvre dont l’auteur de la lettre n’avait pas même pris soin de dissimuler la source.

On y parlait en effet clairement des Habits-Noirs.

Et le général savait depuis longtemps que les conjurés de la rue des Prouvaires avaient été le jouet des Habits-Noirs, lesquels s’étaient emparés du complot pour le vendre et préparer en même temps cette fameuse évasion qui devait ouvrir sa propre succession à lui, M. de Champmas.

La lettre, en somme, était parsemée de choses vraies, et toute la partie de la lettre qui dénonçait la conduite hésitante de Thérèse Soulas était vraisemblable.

Si impure que fût l’origine de ces renseignements et si douteux qu’ils pussent paraître, ils valaient assurément la peine d’être éclaircis.

C’était pour les éclaircir que le général comte de Champmas se dirigeait vers Mortefontaine en étudiant chaque phrase du message anonyme.

Et son travail mental arrivait toujours à cette conclusion :

— Il faut interroger Thérèse ; Thérèse seule peut me donner le mot de cette énigme. Je la crois reconnaissante et bonne, mais eût-elle toutes les duplicités de son sexe, je saurai bien lui arracher la vérité !

Et il allait reprenant sa laborieuse lecture.

Une large goutte d’eau, la première de l’orage, tomba bruyamment sur le papier dé-