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valier ?

— Il va le provoquer en duel, répondit Ysole sans s’arrêter.

— L’imbécile ! Je l’ai vu grimper la route qui mène au château. Il faut que j’assiste à cette scène-là… et que je vous revoie avant ce soir, bébelle.

— Je reviendrai, dit Mlle de Champmas. J’ai besoin de vous parler : je l’aime.

Un large éclat de rire se fit entendre derrière la claire-voie.

Les gaîtés de M. Lecoq étaient toujours bruyantes.

Thérèse Soulas était couchée en travers de la route de Mortefontaine, juste sous la roche où Louveau avait tenu l’affût. Celui-ci, tirant à une vingtaine de pas tout au plus, l’avait littéralement foudroyée.

Elle était tombée dans la poussière, sans pousser un seul cri.

Le général de Champmas, qui montait la route à pas lents, se dirigeant vers l’étoile, n’aurait eu désormais qu’à lever la tête pour la voir.

Il n’était pas séparé d’elle par une distance de plus de trente toises.

Mais le général était complètement absorbé par la lecture d’une lettre qu’il tenait à la main.

Cette lettre, il l’avait trouvée au château en revenant de la promenade.

Elle était datée de Paris et portait le timbre du bureau de poste de la préfecture.

Elle n’avait point de signature.

D’ordinaire, les gens de sens droit et de bon cœur, comme était le général de Champmas, méprisent les lettres anonymes.

Mais celle-ci, paraîtrait-il, était une lettre anonyme d’espèce particulière, car c’était bien la dixième fois que le général la lisait.