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réserve, elle ajouta :

— Vous avez deviné, je le vois, Monsieur le baron, qu’il s’agit entre nous d’une chose grave.

Paul répondit :

— Je ne sais pas ce dont il s’agit. Disposez de moi, je vous appartiens.

— Thérèse Soulas vous connaît, reprit Ysole qui semblait suivre une pensée nouvelle, venue à la traverse de sa fantaisie. Je l’ai interrogée sur vous : jamais elle n’a voulu me répondre… Est-ce à Paris que vous avez commencé de m’aimer ?

— C’est à Paris et j’avais vingt ans, répliqua Paul.

— Ah ! fit Mlle de Champmas dont le beau front se couvrit d’un nuage. J’avais seize ans alors, j’étais heureuse, j’étais…

Elle n’acheva point et poursuivit :

— Que pensez-vous de Thérèse Soulas ?

— C’est une digne et bonne femme.

— Je voudrais croire cela, pensa tout haut Ysole.

Elle reprit en regardant Paul fixement :

— Lui avez-vous parlé depuis qu’elle est au château de mon père ?

— Elle vient chez moi chaque jour, répondit Paul.

Ysole murmura :

— Quel motif a-t-elle de se cacher de moi pour une chose si simple ?

Puis, posant à son tour sa belle main sur le bras de Paul qui tressaillit douloureusement, elle demanda :

— Qui est cette jeune fille que vous avez chez vous, jeune fille ou jeune femme ?

Paul ouvrait la bouche pour répondre ; elle l’interrompit, disant avec une convic-