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un fusil de chasse, dont le canon, touché par la lumière, jeta une lueur.

Les braconniers ne sont pas rares dans le pays. Paul aurait à peine remarqué celui-ci, sans le soin extrême qu’il semblait prendre à dissimuler sa marche.

Du reste, ce fut rapide comme une vision. Le second regard de Paul ne trouva plus sous les hêtres que l’ombre et la solitude.

Il appela, personne ne répondit.

Mais, l’instant d’après, le galop d’un cheval sonna sur le gravier de la route qui descendait au bas pays.

Le cœur de Paul se prit à battre, et l’homme au fusil, vision ou réalité, fut oublié profondément.

À la place même où, tout à l’heure, la calèche du général venait de passer, Ysole de Champmas, échevelée par le vent de sa course, se montra, splendidement éclairée par le dernier rayon du soleil qui allait se noyer sous les nuages.

Il y avait en elle une animation extraordinaire, ses yeux brillaient, sa joue, sous les reflets de son voile, montrait d’étranges et ardentes pâleurs ; ses cheveux magnifiques ondoyaient, caressés amoureusement par la lumière.

Elle était belle jusqu’au miracle.

Paul se retira derrière l’angle de la roche, tout haletant d’admiration.

Ysole arrêta son cheval court, au milieu de l’étoile.

Son regard franc et résolu interrogea la petite plate-forme.

Paul, tremblant plus qu’un enfant, se de-