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s’éloigne, pour la bénir.

— Que m’importe tout cela ? Je ne veux plus l’aimer… Oh ! je l’aime ! Jamais je ne l’ai tant aimée ! J’aurais mieux fait de mourir. Blondette serait un ange du ciel.

Au moment où le combat qui se livrait en lui devenait intolérable comme un supplice, il tourna la tête, parce qu’un bruit de pas se faisait sous les hêtres.

Il ne vit rien, et cependant les feuilles bruissaient.

Il saisit son fusil d’instinct et se leva pour regarder mieux. L’horizon s’assombrissait vers l’ouest. De grands nuages d’un gris de plomb montaient, bordés de franges argentées.

Il ne faisait pas un souffle d’air.

Au moment où Paul cherchait en vain sous les arbres l’être humain ou l’animal qui avait remué les feuilles, son attention fut tout à coup détournée par le roulement d’une voiture qui tournait l’angle de la route de Mortefontaine.

C’était la calèche de M. de Champmas.

Comme Paul était debout, le général l’aperçut en traversant le carrefour et le salua selon sa coutume.

Paul rougit comme si on l’eût surpris commettant un acte coupable, et se découvrit avec un respect embarrassé.

Ce fut tout.

En se retournant, il crut apercevoir au plus épais du fourré de hêtres, là où les feuilles bruissaient naguère, un homme de forte taille et de méchante mine.

Cet homme tenait comme lui, à la main,