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de pierre à la corniche de la tour — lequel fragment avait brisé un châssis en tombant dans le jardin de la préfecture, ces bruits, il croyait les entendre encore.

Paul frissonnait, et la sueur froide coulait entre ses doigts crispés.

Paul savait-il où était le corps de son frère ?…

Il écarta ses mains de son visage comme on chasse un fantôme. Il interrogea de nouveau l’horizon.

Ysole galopait dans la plaine.

Il essaya de penser à Ysole et de baigner son angoisse dans une extase d’amour.

Mais aujourd’hui, la pensée d’Ysole lui serra le cœur.

Cette gracieuse forme qui fuyait là-bas dans la foudroyante lumière de midi était comme une menace.

Ysole, cependant, gagnait la lisière des coupes.

Une dernière fois les plis du voile vert éclatèrent au soleil, puis disparurent sous la feuillée.

Paul sentit une larme qui brûlait sa paupière.

— Je n’irai pas ! je n’irai plus ! murmura-t-il, plus jamais !

Le temps s’écoulait et Paul, qui voulait chasser loin de lui la pensée d’Ysole, la voyait sans cesse et ne voyait qu’elle.

Il se disait : Elle est ici, elle est là ; elle traverse cette coulée où je l’ai contemplée si souvent, caché derrière le grand chêne, — elle entre chez le pauvre bûcheron qui s’agenouille sur le pas de sa porte, quand elle