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tout de suite et avidement, un regard circulaire à l’horizon, il s’assit sur la pierre, déposa son fusil contre le tronc d’un arbre et mit sa tête entre ses mains.

— Je ne regarderai pas ! pensa-t-il, essayant une dernière fois sa puérile révolte.

Mais il regarda.

Et au milieu des mille détails du paysage, parmi tant de collines et tant de plaines, tant de bois et tant de prairies, son œil tomba, du premier coup, sur une bruyère rocheuse qui ressortait en rose, auprès de ce noir paquet de verdure : le paradis d’Antoigny.

Sur cette bruyère il y avait un objet mouvant que ni vous ni moi n’aurions distingué.

Était-ce une fleur balancée à la brise, un oiseau, une femme ?

Paul appuya ses deux mains contre son cœur, et sa poitrine rendit un gémissement.

C’était elle, c’était Ysole de Champmas, avec son voile vert que le vent déployait en se jouant.

Paul se mit sur ses pieds comme si une main plus forte que sa volonté l’eût soulevé.

Puis il se rassit, disant :

— Non, je n’irai pas ! Je ne veux pas aller !

Et, en effet, il resta immobile.

Mais savez-vous pourquoi ?

C’est que la tête du joli cheval fleur de pêcher n’était point tournée vers la gorge d’Antoigny.