Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Thérèse Soulas ? Ses craintes au sujet de malfaiteurs mystérieux, intéressés à faire disparaître Blondette, n’étaient-elles pas pure fantasmagorie ? Il fallait chercher les parents de l’enfant, au lieu de la cacher ; à défaut du bonheur qu’on ne pouvait lui donner, il fallait au moins lui rendre sa famille.

Les remords vont en troupe. Paul vint à songer à son frère.

À cet égard, il avait fait de son mieux. Était-ce assez ?

Était-ce ainsi et froidement qu’il avait compris, à la première heure, cette grande tâche de la vengeance ?

Il avait cherché, certes, il avait dépensé de l’argent, des efforts et du temps, mais il s’était reposé sur autrui.

Et les assassins de son frère restaient encore impunis après trois années !

Oh ! cet amour, cette extase, cette démence !

Ysole, sa pensée de tous les instants, son bonheur et son malheur !

Il y avait une demi-lieue environ, de Mortefontaine au carrefour du Foux.

Quand Paul arriva à l’étoile, le ciel, tout à l’heure si bleu, commençait à se couvrir de nuages légers, mais laiteux et confus, — de ces nuages qui précèdent, comme une avant-garde, les grands amas de vapeurs électrisées.

Paul se dit :

— À quoi bon monter ? Je ne monterai pas.

Et il monta.

Parvenu au sommet de la Belle-Vue, au lieu de jeter comme il le faisait chaque jour,