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plutôt sa paresse était tout entière dans ce mal d’amour où il se complaisait obstinément.

Il aurait donné une part de sa vie pour aimer Blondette comme il aimait Ysole. Que de bonheur alors ! Car il voyait clairement et bien le cher travail qui s’opérait chez l’enfant. Rien n’était perdu en elle ; tout y vivait à l’état de sommeil. Elle aimait, il le savait. Que pourrait le choc d’une grande joie sur cette sensitive endormie ?

Quand Paul Labre avait quitté Blondette, ce matin, il éprouvait ce remords à un degré plus haut que d’habitude.

Cette gentille intelligence qui ne demandait qu’à naître et à fleurir l’avait frappé aujourd’hui très vivement. Il était triste. Il se reprochait de ne point aider à cet admirable travail de guérison.

Bien plus : de l’entraver peut-être.

Car il avait nettement conscience de son pouvoir sur l’enfant.

Il traversa lentement les terres labourables qui le séparaient de la lisière de la forêt.

L’air était lourd, le soleil chaud. Dix fois, il fut sur le point de retourner sur ses pas.

Quelque chose le rappelait en arrière et disait au fond de son cœur :

— C’est ici une heure solennelle. Tu as un devoir à remplir.

Mais il allait. Les arbres de la forêt épandirent bientôt leur ombre sur sa tête.

Il pressa le pas.

Le souci le suivit, plus mordant et plus cruel.

Pourquoi avait-il écouté les suggestions