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éloigner les troupes de joyeux et friands marcassins, et, non loin, il y a un garde-chasse qui veille, non point sur les récoltes, mais sur les ravageurs.

La loi protège le sanglier.

Une fois passée l’étoile du Foux, le terrain s’abat brusquement d’un côté et remonte de l’autre pour atteindre un plateau sablonneux, mais boisé, qui domine dix lieues de pays.

Au-dessus encore de ce plateau, il y a une roche, entourée de hêtres admirables qui contrastent par leur éternelle fraîcheur avec l’aridité de la lande environnante ; car la forêt n’est ici qu’une lande où essaie de croître un misérable taillis de bouleaux.

Au sommet de la roche, il y a une fontaine où je n’ai jamais vu d’eau, et c’est dommage, car cette eau, dit-on, guérit une foule de maladies.

La fontaine est gardée par une petite niche, creusée dans la pierre et ornée d’une image de Notre-Dame-du-Foux, en faïence peinte.

Le tout est surmonté d’une plate-forme de vingt pieds carrés, qui dépasse les plus hautes cimes des hêtres.

C’est, spécialement ici, la Belle-Vue-du-Foux, à laquelle tout le quartier doit son nom.

De la Belle-Vue on aperçoit plusieurs villes, vingt clochers de bourgs pour le moins, et d’innombrables villages ; on voit six rivières, trois étangs et trois forêts ; la Normandie ne contient pas de panorama plus varié ni plus large.

Paul Labre venait là presque tous les jours, non point pour admirer le paysage, mais