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élégances juvéniles de sa taille ; elle attendait ou elle rêvait. Parfois, son front, qui brûlait peut-être, se collait à la fraîcheur des carreaux.

L’âme de Paul était dans ses yeux. Il ne savait plus pourquoi il avait quitté son travail.

Tout à coup, la belle jeune fille eut un grand tressaillement et se retourna. Elle bondit en avant comme si la joie l’eût soulevée. Ses deux bras s’ouvrirent en un geste de folle tendresse. À travers la mousseline, Paul, dont le cœur se brisait, crut distinguer l’ombre d’un homme.

Ce fut tout. La mousseline transparente cessa de donner accès au regard. La nuit s’était faite dans le salon du premier étage.

Mais, au même instant un homme parut au balcon du second. Une allumette phosphorique brilla, le temps de mettre le feu à un cigare, puis l’homme se retira.

Le foulard rouge ne flottait plus aux barreaux.

Paul voyait cela comme en un rêve.

À deux pieds de son oreille, un coup de marteau fut donné si violemment à l’intérieur de la tour, dont il aurait pu toucher la paroi renflée en étendant la main, qu’un fragment de maçonnerie extérieure, arraché par le contrecoup, tomba avec bruit dans le jardin de la Préfecture.

Paul écouta machinalement, sans détacher son regard de cette maison où était son cœur.

Ce violent choc était apparemment le dernier. L’intérieur de la tour devint silencieux.