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vous savez. Moi, je travaille pour l’honneur ; j’aime ça. Nous servons tout uniment la vengeance du frère de la victime, comme dans les drames. C’est un emploi honorable… Ça vous incommoderait-il que j’en allume une pour tromper ma soif ?

Thérèse permit du geste, et Pistolet battit le briquet après avoir bourré sa pipe.

— Ça me fit de la peine pour le matou, reprit-il en tirant les premières bouffées. J’ai bon cœur et même de la sensibilité, à l’état de nature ; mais les passions de la jeunesse ! Fallait aller à mes succès à Bobino ; vous n’avez pas connu Mèche ? Je comprends les fautes comme ça, qu’ont l’entraînement pour objet ; le calcul, jamais ! il dégrade… Voilà donc l’ordre et la marche, espérant que, si vous pouvez me communiquer des renseignements utiles, vous vous fendrez, en faveur de M. Paul ou le baron dont nous sommes à sa solde, moi, par l’intermédiaire de M. Badoît et les quatre-vingt-dix-neuf autres directement. M. Badoît m’ayant embauché, je suis parti avec lui en rotonde de diligence pour Alençon, où il m’a dit : Je reste ici, étant connu des Habits-Noirs, pour la plupart, en ma qualité d’ancien agent, car ils flânent habituellement autour de la Préfecture, et il y en a même qui ne se gênent pas pour entrer à l’intérieur du monument, sous forme d’amis particuliers des principaux chefs.

— Toi, qu’il a ajouté, en me parlant familièrement par amitié, ils t’ignorent par le double motif que tu n’étais pas encore célèbre, à l’époque, ailleurs qu’à Bobino, et que tu as passé le surplus de ton existence dans les voyages à Londres et autres contrées étrangères. Ce qui est vrai, maman :