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— Vous ne saviez pas ça ? reprit Pistolet. Moi, pas d’affront ! la chose ne me concerne pas… Seulement, ils croient que vous le savez, et c’est mauvais pour vous. Les bêtes venimeuses, dont je vous ai parlé, qui ont leur nid par ici sont les Habits-Noirs, les vrais, de l’île de Corse et du : « Fera-t-il jour demain. » Pas davantage !

Thérèse était toute blême.

Elle avait passé des années dans un milieu où ce nom sinistre faisait effet comme celui du choléra ou de la peste.

— Pourquoi me dites-vous cela ? demanda-t-elle.

— Parce qu’ils sont venus ici… et qu’ils ne viennent jamais pour rien.

— Quoi ! s’écria Thérèse, ces deux hommes que j’ai vus s’enfuir ?…

— C’est pas des gros, déclara sentencieusement le gamin, mais c’en est. Veillez sur vous et sur ceux que vous aimez.

— Ysole… commença la malheureuse femme.

— Ah ! fit le gamin, c’est donc celle-là qui vous tient le plus au cœur ?

Il l’interrompit pour ajouter :

— Moi, je ne sais rien de rien, hors ce que j’ai vu. C’est vrai que j’ai vu pas mal de choses déjà, parce que je me suis levé matin, ayant oublié de me coucher hier au soir. Les Habits-Noirs sont diablement malins ; mais on n’est pas mal organisé de notre côté aussi. M. Badoît a une centaine d’hommes en campagne.

— Cent hommes ! répéta Thérèse stupéfaite.

— Une armée, quoi ! poursuivit le gamin en riant. Nous ne sommes pas de la police,