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avec précaution. Il gagna la porte de l’enclos dont il poussa le verrou. Après quoi, d’un seul bond, il s’accrocha d’une main au faîte du mur et s’éleva à la force des poignets.

Son pantalon neuf en dut souffrir. Il resta une minute entière à examiner soigneusement la campagne.

Thérèse suivait malgré elle, avec intérêt, toute cette mise en scène.

En revenant, le gamin la regarda du coin de l’œil et se dit :

— Elle est piquée dans sa curiosité, l’ancienne, on va savoir.

Il s’assit sur l’herbe à une vingtaine de pas de Suavita endormie et fit signe à Thérèse d’approcher.

Celle-ci obéit.

— Rapport à ce qu’il ne faut pas que la mignonne écoute, murmura-t-il, si quelquefois elle faisait semblant de dormir. Ça s’est vu. Mettez-vous là. Vous savez mieux que moi où est M. Paul à cette heure. Comme il s’y trouve bien, il y reste, et ce n’est pas lui qui viendra nous déranger… Allons-y ! Le hic, le voici de but en blanc et sans baragouiner : la fille aînée du général n’est plus une demoiselle, hein ?

Thérèse frissonna si visiblement que Pistolet s’arrêta.

— Ça vous fait quelque chose ? demanda-t-il naïvement.

— C’est une calomnie ! prononça Thérèse entre ses dents serrées.

— Non, répliqua le gamin d’un ton paisible. Le séducteur est un Habit-Noir, assassin, voleur et tout. J’en lève la main !

Les bras de Thérèse tombèrent.